Devenir un territoire neutre en énergie, c’est l’ambition affichée par la communauté d’agglomération pour 2050 dans le cadre de la démarche Tepos. Un objectif qui passera nécessairement par deux volets : réduire les consommations et produire des énergies renouvelables.
« La décarbonation du territoire est un objectif fondamental pour nous ». Caroline Bardot, vice-présidente de Vichy Communauté chargée de la transition écologique et énergétique, affiche les ambitions de l’agglomération à l’horizon 2050. Vichy Communauté veut réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 69 %. Pour y parvenir, la question de l’énergie constitue un enjeu central.

ÉNERGIES RENOUVELABLES. Comme au stade aquatique de Bellerive-sur-Allier, plusieurs parkings de l’agglomération sont couverts par des ombrières photovoltaïques. Vichy, le 20 décembre 2023. Photo : Jules Demeure.
Sur le territoire de la montagne bourbonnaise, 51,8 %* des émissions de GES sont issues de la combustion d’énergie fossile (pétrole et gaz). Pour son futur énergétique, Vichy Communauté s’est engagée dans plusieurs dossiers : Agir 2035, le plan climat-air-énergie territorial avec comme horizon la démarche Territoire à énergie positive (Tepos) pour 2050. Cette dernière vise la neutralité énergétique du territoire, soit une production d’énergies renouvelables équivalente à la consommation. Pour y parvenir, deux aspects seront indispensables. « Nous devons diviser par deux les consommations d’énergie et multiplier par trois la production d’énergie renouvelable », explique Caroline Bardot.
« Un programme de rénovation énergétique globale »
« Le résidentiel est le secteur le plus énergivore », rappelle Constance Chronowski, chargée de mission transition énergétique à Vichy Communauté. Il représente 22,1 %* des émissions du territoire. L’agglomération entend pour cela prendre les devants. « Un programme de rénovation énergétique globale des bâtiments de l’agglomération est en cours », indique Caroline Bardot. Afin de valoriser le potentiel des habitations, Vichy Communauté a mis en place la « Maison de l’Habitat » pour inciter les habitants à agir. « Ils peuvent venir se renseigner sur la rénovation énergétique de leur bâtiment avec un accompagnement sans condition de ressources », explique Caroline Bardot.
Des initiatives insuffisantes selon l’opposition à Vichy, dénonçant un manque de cohérence. « On essaye de réduire mais on se met des bâtons dans les roues avec des projets comme le contournement nord-ouest », critique Arnaud Petelet-Valero, élu de l’opposition. Une consommation supplémentaire conduisant à la mise en place de mesures compensatoires qui « doivent permettre d’arriver à l’équilibre » selon Vichy Communauté.
Autres enjeux de la réduction de la consommation d’énergie, les transports routiers qui représentent 21,6 %* des émissions du territoire. Sur ce sujet, l’agglomération veut développer les mobilités douces. Un secteur énergivore comme ceux de la gestion des déchets (20,6 %* des émissions), de l’agriculture, la sylviculture et l’aquaculture (20,7 %* des émissions) sur lesquelles des travaux sont engagés sur le territoire de Vichy Communauté.
Multiplier par trois la production des énergies renouvelables
Réduire certes, mais l’agglomération prévoit en parallèle de multiplier par trois la production d’énergies renouvelables. Elles couvrent aujourd’hui 17 %* de l’énergie consommée sur le territoire, dont une majeure partie (43 %*) est issue de l’exploitation du bois. « L’idée c’est d’inciter les communes qui le peuvent à mettre en place des petits réseaux de chaleur », explique Caroline Bardot. Des installations semblables à celles du quartier des Presles à Cusset, qui restent coûteuses et techniques à mettre en place.

ENERGIES RENOUVELABLES. À Vichy, les énergies renouvelables représentent 17 % de la production énergétique. Vichy, le 18 décembre 2023.
Mais une autre source d’énergie semble s’imposer sur le territoire : l’énergie solaire. Le photovoltaïque représente aujourd’hui 3,4 %* des énergies renouvelables du territoire quand l’agglomération ambitionne de produire 50 % d’énergie solaire en 2050. Pour y parvenir, un projet majeur : la centrale solaire sur les délaissés de l’aéroport de Vichy-Charmeil. Ce projet doit permettre à terme une production 18,9 GWh selon l’enquête publique, le double de l’énergie photovoltaïque produite aujourd’hui sur l’ensemble du territoire (9,64 GWh*).
La démarche Tepos repose par ailleurs sur l’engagement de tous les acteurs du territoire. C’est dans cette optique que la société coopérative (SCIC) Com TOIT Énergie Citoyenne a vu le jour en 2019 pour développer des toitures photovoltaïques. « Le principal objectif est de mobiliser des citoyens pour développer de l’énergie renouvelable », explique Julien Petit, membre du conseil coopératif de Com TOIT. Les 113 sociétaires sont à l’origine de la nouvelle centrale solaire du Grand Marché de Vichy, et trois nouveaux projets seraient en préparation.
« Niveau éolien, on a fait le travail »
Si le photovoltaïque devrait occuper une place majeure, Caroline Bardot souligne qu’il n’y a pas « d’énergie magique ». Toutes les sources de production doivent être exploitées, dont l’éolien. Deux parcs sont déjà présents sur le territoire qui, selon la vice-présidente, produiraient 60 % de l’énergie éolienne de l’Allier. « Niveau éolien, on a fait le travail », explique-t-elle. Tout nouveau projet de parc est aujourd’hui proscrit depuis le vote du Plan Local d’Urbanisme Intercommunale (PLUI). Les parcs existants ne devraient pas être touchés selon Caroline Bardot, y compris l’extension du site de Saint-Nicolas-des-Biefs. Mais selon Arnaud Petelet-Valero, ce secteur aurait dû être développé davantage : « il nous faudrait près de 3 parcs pour répondre aux besoins. Le PLUI enlève les zones fléchées pour installer de l’éolien. »
Toujours avec une turbine, le projet de minicentrale hydroélectrique sur le barrage du pont de l’Europe à Vichy pourrait être une autre solution. Le projet à l’arrêt depuis deux ans, suite au recours en justice d’un groupement d’associations environnementales, donnerait des « signes positifs » ces derniers temps, selon Caroline Bardot, sans que rien ne soit acté.
Dernier volet majeur pour ce territoire : la méthanisation. C’est l’objet de l’installation de la Wagabox sur le centre d’enfouissement des déchets à Cusset. Le but : capter le biogaz issu de la décomposition des déchets pour l’épurer et le réinjecter dans le réseau. Une solution adaptée au territoire qui pourrait être étendue aux exploitations agricoles.
Si les potentialités sont nombreuses, des premières tendances seraient observables à la fin du mandat en 2026. « Il faut inviter tous les acteurs et les habitants à prendre leur part de responsabilité, rappelle Caroline Bardot. Cette transition à un coût qu’on ne peut pas porter seuls ».
*Ces données sont issues de l’Observatoire Régional Climat Air Énergie (Orcae) pour l’année 2021 sur le territoire de Vichy Communauté.
Jules Demeure
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