À Vichy, l’entreprise Moinet est aujourd’hui un acteur principal de la production de confiserie. Retour avec Lucas Moinet-Michaille sur le parcours de l’enseigne familiale emblématique du paysage économique vichyssois.
Moinet mise beaucoup sur ses produits emblématiques pour attirer de nouveaux clients. 8 décembre 2023, boutique Moinet.
Photo : Matilde Got
À peine poussée la lourde porte de la boutique traditionnelle Moinet, les effluves si particuliers des sucreries du Bourbonnais emplissent les narines des clients. Cette odeur, celle de la pastille de Vichy, Lucas Moinet-Michaille la connaît bien. Elle lui est familière, à lui qui représente la septième génération de confiseurs Moinet. À ses yeux, c’est bien cette pastille qui a permis à l’entreprise de sortir la tête de l’eau. En effet, au siècle dernier, le secteur de la confiserie à Vichy était un bassin en pleine effervescence. « L’acquisition de la source à Hauterive, en 1932, nous a fait passer un pallier qui nous permet d’être toujours aussi présents, en étant indépendants », reconnaît avec fierté le responsable de la production. Aujourd’hui, Moinet est l’une des deux seules entreprises à pouvoir produire des pastilles « de Vichy », avec l’enseigne mondialement connue Carambar & Co.
Lucas Moinet-Michaille est l’héritier de 171 ans de culture de la confiserie. 8 décembre 2023, boutique Moinet.
Photo : Matilde Got
Mais dans la boutique, la pastille ne règne pas seule dans les vitrines. Lucas Moinet-Michaille s’attarde sur les divers produits colorés remplissant les étalages. Gommes, pâtes de fruits, bonbons glacés du Bourbonnais sont autant de confiseries produites et commercialisées par l’enseigne rouge et blanche. « Des confiseurs vichyssois subsistants, Moinet est aujourd’hui celui qui propose la gamme la plus large », affirme-t-il, le regard porté sur les pâtes de fruits « pure pulpe », autre produit phare de la confiserie.
Une histoire familiale…
Si aujourd’hui les affaires vont bon train pour Moinet, le siècle dernier fut assez tumultueux. Les deux guerres mondiales ont paralysé nombre d’entreprises de taille modeste. Beaucoup d’hommes, envoyés au front, n’en sont jamais revenus. Durant ces périodes plus dures, l’entreprise a pu compter sur sa structure familiale pour ne pas perdre la face. « Pendant la Seconde Guerre mondiale, mon arrière-grand-père a été fait prisonnier, et pendant son absence, c’est sa femme et sa fille qui ont tenu l’entreprise », explique Lucas Moinet-Michaille en se replongeant dans l’histoire de sa famille. Encore aujourd’hui, c’est ce modèle qui prévaut. S’il est chargé de la production, sa mère, Elisabeth Moinet-Michaille, gère le marketing de l’entreprise et s’affaire derrière le comptoir de la boutique.
…à la conquête du pays
Aujourd’hui, l’enjeu est de réussir à rayonner au-delà des traditionnels sites de vente à Vichy. Ces dix dernières années, l’entreprise a ouvert deux nouvelles boutiques : une à Clermont-Ferrand, l’autre à Paris. « En parallèle de ça, les grandes surfaces font appel à nous pour produire sous leurs marques, comme “Nos régions ont du talent” », ajoute le responsable de la production. Si cela peut paraître une aubaine pour la confiserie, elle ne se trouve cependant pas en position de force pour négocier sur les marchés. Pour ces productions, l’entreprise familiale est mise en concurrence avec Carambar & Co, qui, par sa taille, peut se permettre de proposer des prix moins élevés. « Et puis, l’image de la marque n’apparaît pas vraiment, les gens n’associent pas ces produits labellisés à Moinet. »
À Vichy, la confiserie traditionnelle reste bien associée à la pastille. Lucas Moinet-Michaille n’en doute pas et avoue avoir déjà été contacté par la mairie pour organiser en 2025 les 200 ans de la création de la pastille de Vichy. D’ici là, l’héritier de cette maison familiale entend bien garder le cap, tout en conservant son indépendance.
Valentin Martinot
Categories: Demain Vichy - 2023
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