L'Effervescent

Vichy : son avenir source de débat chez les habitants

Photo d’illustration : deux générations opposées marchent dans la rue, 15/12/2023, Vichy, Photo de : Mano Bouvier

L’avenir d’une ville est toujours une question faisant débat. Pour celui de Vichy, c’est à travers le projet Agir 2035 qu’il se dessine. Mais il ne faut pas oublier les habitants, eux aussi ont une vision bien précise de celui-ci. Un point de vue variant assez largement selon les générations.

Deux générations distinctes marchent dans la rue. Vichy, le 15 décembre 2023. Photo : Mano Bouvier.

« Vichy, ça restera toujours une ville de vieux et ce n’est pas près de s’améliorer », martèle Yannis Slak, étudiant âgé de 20 ans et Vichyssois pure souche. Le jeune homme propose un avenir bien peu glorieux. Et pourtant, du côté de Vichy Communauté, les ambitions sont tout autres à travers le projet d’agglomération Agir 2035. Ce projet, écrit en mars 2021, montre les aspirations de la Communauté d’Agglomération pour l’avenir. Il se base sur quatre piliers principaux : renforcer et affirmer l’identité du cœur de Vichy, affirmer le statut de Reine des villes d’eaux du 21e siècle, garantir une meilleure qualité de vie pour tous, et enfin innover pour accélérer la lutte contre le réchauffement climatique. Des projets ambitieux pour le futur de la ville.

Les habitants de Vichy ont des idées bien précises et diversifiées de ce que va devenir leur commune. Pour Yannis Slak, un seul mot décrit l’avenir de Vichy : « vieux ». Pour s’opposer à lui, Danielle Vernay-Muldants, 81 ans, vichyssoise depuis 19 ans, expose son point de vue. Elle fait un choix différent du mot proposé par la jeune garde, et suggère « agréable ». Des visions donc assez divergentes entre deux générations opposées. Et c’est loin d’être le seul point de controverse entre ces habitants de la Reine des villes d’eaux.

Un poids nouveau : l’Unesco

 Si l’inscription de la ville de Vichy au patrimoine de l’Unesco a été longtemps retardée, elle est maintenant réalité depuis le 27 juillet 2021. Ce projet aura forcément un impact sur l’avenir de Vichy. Pour Danielle Verney-Vuldants, c’est une réelle aubaine pour la ville : « cette inscription va redorer le blason de Vichy, ramener de nouvelles personnes, cela ne peut être que bénéfique ». Un avis bien sûr partagé par la ville de Vichy. Yannis Slak quant à lui voit ce nouveau statut d’un bien plus mauvais œil. « Les loyers vont continuer à augmenter, les jeunes ne pourront pas acheter, parfait pour continuer le vieillissement de la ville », s’indigne-t-il. Encore une fois, ces deux Vichyssois portent un regard diamétralement opposé sur l’avenir de ce projet. La jeunesse semble porter le spectre du pessimisme alors que le quatrième âge mise sur l’optimisme.

Le comportement défaitiste de la jeune génération exaspère l’octogénaire. « Les étudiants à Vichy, ils jouent à cache-cache, à croire qu’ils ne sortent jamais de leur tanière », proteste-t-elle. Pour cette retraitée, la qualité de vie de Vichy est déjà plus qu’agréable. Son avenir est synonyme de développement. Elle évoque les travaux sur la place de l’opéra, le projet de démolition d’immeubles du côté du stade Louis Darragon, une vie associative devenant toujours plus riche… Malgré tous ces arguments, le jeune homme reste peu convaincu. « La ville se meurt, de nombreux magasins ont fermé, le dynamisme se perd, les travaux pour la commodité des riches et des personnes âgés me confortent dans mon idée », dit-il désabusé.

Un point commun : le poids de l’histoire

 Un avenir se voulant radicalement différent pour les deux générations, mais ces dernières se retrouvent tout de même sur un point. Dans le futur, il faut réussir à changer la vision historique qu’ont les gens de Vichy, ville minée par le maréchal Pétain et son régime. « Ce n’est qu’un pan de l’histoire, Napoléon III en avait par exemple fait l’une de ces villes phares », évoque Yannis. Un héritage certes présent mais éclipsé. Pourtant, il existe un parc Napoléon III, sans oublier les nombreux bâtiments au style Haussmannien présents en centre-ville. Cette partie de l’histoire reste peu connue du grand public.

Ce point de vue est partagé par Danielle, membre de l’association Les amis de Napoléon III. Oublier la Seconde Guerre mondiale pour mettre en avant une autre partie de l’histoire de Vichy, tel est leur objectif. Alors personne ne sait à quoi ressemblera Vichy en 2035, mais tout le monde a sa petite idée en tête. Côté politique, l’avenir est reflété par le projet Agir 2035. Les habitants quant à eux partagent des avis différents sur le futur de Vichy. Maintenant patience, et rendez-vous en 2035.

Mano Bouvier

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