Vichy, ville d’eau et d’histoire, mais surtout ville d’un savoir-faire gourmand. Ces petits bonbons octogonaux s’imposent à l’esprit lorsque le nom de cette ville d’Auvergne est prononcé. Les pastilles ont su conquérir le cœur des Français en devenant l’une des principales références de la ville.
Lucas Moinet-Michaille, directeur de la production, posant devant les pastilles de sa boutique Côté Sucré dans le centre de Vichy. Vichy, le 8 décembre 2023. Photo : Matilde Got.
Lorsque les gens entendent « Vichy », l’une des premières choses à laquelle ils pensent sont les pastilles. Comment ce savoir-faire a-t-il réussi à conserver sa réputation dans toute la France ? Aujourd’hui, ils ne sont que deux producteurs de pastilles à livrer leurs produits dans le pays, Carambar&co et la Maison Moinet. Deux fabricants aux histoires très différentes.
Pour la Maison Moinet, c’est une affaire de famille. « On a acheté la source à Hauterive en 1932, ce qui nous a permis de commencer la production de pastilles », explique Lucas Moinet-Michaille, héritier de la tradition familiale et confiseur pour la 7e génération. À l’origine, la maison ne faisait que des bonbons. Mais grâce à cette acquisition, elle a passé le cap de la production de pastilles. « On a notre propre source, ce qui nous permet d’être indépendants.»
Depuis la création de leur entreprise, les générations ont su se passer le flambeau pour que la confiserie perdure. « Moinet est la plus ancienne confiserie de Vichy, c’est assez rare une si grande longévité pour une entreprise à Vichy », confie Lucas.
Du côté de Carambar&co, l’histoire est bien différente. Les anciens propriétaires (les multinationales Cadbury, Kraft foods et Mondelez International) ont connu un ralentissement de leur développement à cause de l’image de marque trop locale selon eux. Thierry Gaillard, président du groupe Carambar & Co, rachète la pastillerie en 2017, voyant le potentiel d’exportation à l’international de la marque patrimoniale.
Un produit au rayonnement national
Désormais, il est possible de retrouver des pastilles vendues sous le nom de Carambar&co et Maison Moinet dans les enseignes de grande distribution.
Pour le producteur familial, le rayonnement de ses pastilles a commencé du temps de son grand-père grâce à un appel d’offre de la MDD (Marque de distributeur). « Ce sont mon père et mon grand-père qui ont reçu le premier appel d’offre. Face à cela, ils ont construit une deuxième usine où l’on ne fait que des pastilles car le volume de production devenait de plus en plus important », ajoute-t-il.
Via ces marques de distributeurs, la tradition familiale fait valoir son artisanat dans tout le pays. « Grâce à leurs marques de distributeurs, Cora, Carrefour, Leclerc distribuent dans toute la France, à Lille comme à Toulouse ou encore Amiens », explique Lucas. Les pastilles sont certes très demandées en France, mais à l’étranger elles ne connaissent pas le succès espéré. « Quand vous parlez de Vichy à l’étranger ce sont surtout les produits l’Oréal. On peut trouver des pastilles au Canada, aux États-Unis, mais globalement l’exportation internationale ne marche pas », précise Lucas.
Sachets de pastilles produites par la Maison Moinet, vendues dans l’enseigne Casino. Vichy, le 14 décembre 2023. Photo : Matilde Got.
Pour Lucas Moinet-Michaille, ce savoir-faire prospère aussi grâce à la transmission d’une tradition de génération en génération : « j’ai l’impression qu’il y a 10, 15 ans c’était la mamie qui offrait des pastilles à ses petits-enfants, et aujourd’hui ce sont les petits-enfants qui en offrent aux grands-parents. Je trouve que les pastilles reviennent à la mode ». Lucas est fier des sept générations d’accomplissement familial. « Le défi, c’est de continuer. Le savoir-faire de Moinet se doit de perdurer dans la continuité de ses 170 ans d’expérience. Et surtout le plus important est de rester indépendant et de garder cette image traditionnelle ».
Matilde Got
