L'Effervescent

À l’école C?u Môn, l’apprentissage des arts martiaux vietnamiens est une question de transmission

Un art martial se transmet de maître à disciple. André Gazur, fondateur de l’école C?u Môn à Vichy, a lui-même appris avec un grand maître, pour qu’il puisse à son tour transmettre son savoir. À travers traditions, culture et valeurs, l’école d’arts martiaux vietnamiens vichyssoise enseigne et transmet depuis 1999. 

Maître André Gazur, novembre 2015. Photo : cuumong.org

Maître André Gazur, novembre 2015. Photo : cuumong.org

 

Maître André Gazur est né en 1953, en France. « J’ai un septième dan d’état, un des plus hauts niveaux de maîtrise possible, en Võ, que je pratique depuis 50 ans », explique-t-il. André Gazur apprend et commence à étudier cet art martial vietnamien en 1971 avec son Maître Nguy?n Dân Phú. Pionnier en France, il fonde Thanh Long, un réseau d’écoles dédié à cette pratique, et cofonde la première Fédération des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens. « J’ai commencé à 18 ans, et c’est vrai qu’au début c’était plutôt pour me battre et me défendre. Puis j’ai eu la grande chance de tomber sur mon maître, qui habitait à Montluçon. Je suis allé apprendre des techniques avec lui », se souvient-il. Après trois années de pratique, André Gazur obtient sa ceinture noire, et l’autorisation d’enseigner. 

 

« C’est une véritable élévation »

 

Maître Nguy?n Dân Phú et André Gazur. Photo : cuumong.org

 

« L’art martial traditionnel fonctionne uniquement par une transmission de maître à disciple, qui est un terme qui renvoie à une dimension plus profonde qu’un élève puisqu’il y a une forme d’élévation spirituelle », assure André Gazur. En 1978, il est l’un des premiers pratiquants de cet art martial à obtenir le brevet d’enseignement de la Fédération des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens.

 

L’entraîneur participe activement au développement de cette discipline en France par l’ouverture de nombreux clubs. Il se découvre alors une véritable passion pour la transmission de son savoir à travers un travail sur le corps et l’esprit : « On emploie souvent ces deux mots dans les arts martiaux. Le corps pour le physique et la santé ainsi que l’art de se défendre, et l’esprit car il y a une véritable élévation dans le domaine de la culture et de la transmission des valeurs. Ce n’est pas seulement des combats ou des choses violentes. » Les valeurs de cet art martial sont donc extrêmement importantes à connaître et à appliquer pour pouvoir les transmettre.

Cette dimension spirituelle trouve ses racines dans les valeurs confucéennes, comme l’explique André Gazur : « Il y a l’humanité, l’équité, la parole donnée, le respect, que l’on retrouve dans les salles d’arts martiaux par un autel ou tout simplement le salut, et enfin la volonté. » L’école C?u Môn est donc plutôt d’inspiration confucéenne que bouddhiste, en témoigne la couleur noire de la tenue des pratiquants : le Vo phuc. « L’enseignement de mon maître était justement une transmission de valeurs auxquelles j’ai tout de suite adhéré », raconte André Gazur. Il a ensuite gravi les échelons pour devenir enseignant. « Du fait de l’enseignement que j’avais reçu, j’ai pu le transmettre », ajoute-t-il.

 

Une quête personnelle

 

Une chaîne de transmission de valeurs, de traditions et de savoirs a donc pu naître via cette envie de perpétuer cette culture vietnamienne. En effet, certains de ses élèves sont eux-mêmes devenus maîtres en arts martiaux vietnamiens, et peuvent, à leur tour, enseigner cette culture. « C’est le propre d’une école traditionnelle : c’est une chaîne de maître à disciple. J’ai beaucoup d’élèves qui ont semé leur savoir dans la région, et même au-delà », sourit André Gazur. Jean-Luc Planes, adhérent de l’école depuis six ans, explique : « J’ai commencé à 52 ans, et ça m’a apporté beaucoup de souplesse, un bon équilibre, aussi bien au niveau du corps que de l’esprit. »

 

Les adhérents de l’école se retrouvent le jeudi soir en cours libre, où André Gazur relève leurs défauts et les corrige. Photo : Antoine Clément

 

En plus de l’enseignement de son maître, André Gazur mène des recherches personnelles qui le mèneront à l’écriture et l’édition de six livres et à la réalisation d’un DVD. Aussi, afin de s’imprégner au maximum de la culture vietnamienne et assurer une meilleure transmission de ce savoir, l’École C?u Môn organise régulièrement des stages au Vietnam et, à cette occasion, participe à des échanges avec les écoles locales. André Gazur profite d’ailleurs de ces voyages pour se rendre à ?a Ng?u, où il se recueille sur le tombeau de Maître Nguy?n Dân Phú, qui avait lui-même reçu les enseignements d’un autre grand pionnier de cet art : C? Tôn. 

 

Les Maîtres Fondateurs de la Fédération Française de Vi?t Võ ??o. Photo : cuumong.org

 

Les enseignements reçus par les disciples d’André Gazur, qu’il avait reçus de Nguy?n Dân Phú qui les avait, lui aussi, reçus de son maître, seront perpétués, encore : c’est la chaîne infinie d’une transmission de valeurs et de savoirs traditionnels. 

 

Antoine Clément

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